DES VIDÉOS CONTRE L’IMPUNITÉ ?

TRIAL international a débuté un partenariat avec l’ONG WITNESS pour offrir une formation unique en RDC: l’utilisation de vidéo pour poursuivre les crimes internationaux.

Comment l’idée vous est-elle venue de donner des formations sur la vidéo en RDC ?

Daniele Perissi, responsable du programme RDC chez TRIAL International : La RDC un pays immense et dont les infrastructures laissent à désirer. Quand des crimes sont commis dans la jungle, à plusieurs heures de la ville la plus proche, présenter des preuves lors d’un procès peut être compliqué. Grâce aux vidéos, collecter et partager des preuves serait plus rapide et facile, et aiderait à constituer des dossiers plus solides.

Par exemple, amener les victimes à témoigner dans une cour peut être humainement et logistiquement compliqué. Les filmer anonymement et dans un environnement familial serait moins traumatisant et donnerait de meilleurs résultats. Les images des scènes de crimes et des alentours permettraient aussi de placer les récits dans leur contexte, avec de nombreux détails.

Y a-t-il des risques à utiliser la vidéo ?

Kelly Matheson, Avocate senior et responsable de programme chez WITNESS : La vidéo est un outil puissant pour exposer la vérité. Mais il a ses limites et peut faire du mal s’il n’est pas utilisé avec précaution. Lors de notre formation, nous fournissons une liste de questions pour évaluer la pertinence de la caméra. La sécurité est bien sûr fondamentale : la sécurité de la personne qui filme, de celle qui est filmée et de la communauté où le tournage a lieu.

La vidéo est-elle une pratique émergente dans le domaine juridique ?

Kelly Matheson : Pas du tout, les vidéos sont utilisées depuis longtemps dans des procédure nationales et internationales. Des films des camps de concentration ont été montrés au procès de Nuremberg. Les changements récents concernent surtout les auteurs des vidéos : les gens ordinaires filment parallèlement aux professionnels, et à une fréquence beaucoup plus élevée. En Syrie par exemple, la majorité des vidéos sont prises par des activistes et non des journalistes.

Nanjala Nyabola, responsable du programme Afrique chez WITNESS : Cette transition signifie une augmentation massive du nombre de vidéos, et cette tendance ne fera qu’accélérer. Notre défi concerne maintenant la vérification. S n’importe qui peut filmer et diffuser n’importe quel contenu, établir la crédibilité de ce contenu devant une cour devient primordial.

L’est de la RDC (où la formation sera délivrée) est une région peu avancée technologiquement. Comment surmonter cette difficulté ?  

Nanjala Nyabola : WITNESS a l’habitude de délivrer des formations dans des environnement peu technologisées. Nous adaptons nos sessions aux technologies disponibles sur place, en montrant comment les exploiter au mieux. Par exemple, les smartphones sont très répandus en RDC : nous expliquerons comment cet outil peut aussi servir à la récolte de preuves.

Daniele Perissi : La formation a été conçue spécialement pour la RDC, ainsi les limites technologiques ont été prises en considération depuis le début. Nous formons les participants à filmer avec des smartphones, très répandus. Nous prêterons également de vraies. En format des groupes restreints sur une longue période, chaque participant aura une chance de tester les outils pendant la formation.

Kelly Matheson : De plus, la formation va au-delà de la question des technologies. Ce qui donne aux gens le pouvoir de changer les choses, c’est de savoir quand, quoi et comment filmer : le matériel et le réseau sont juste des outils.

 

Lisez l’article original: https://trialinternational.org/fr/latest-post/des-videos-contre-limpunite/